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24 mai 2019 Actualités

Une expertise qui rayonne à l’international

Il a réalisé tant de voyages de coopération internationale au fil des ans, que François Privé, enseignant au Département de philosophie du Collège d’Alma, ne parvient plus à les dénombrer tous. En fait, il a pratiquement accompagné des étudiantes et étudiants de tous les programmes (ou presque) offerts au Collège d’Alma, des Sciences de la nature aux Sciences humaines en passant par toute la gamme des formations artistiques. Ce coopérant philosophe est aussi plus que convaincu de l’urgence d’agir et de trouver des solutions concrètes, notamment en agriculture soutenable, pour lutter contre les changements climatiques. Cet engagement l’a mené, en avril dernier, à prononcer une conférence sur les jardins verticaux à l’Université de Santiago de Cuba. À l’invitation de celle-ci, il a ainsi pu partager son expertise avec 70 intervenants provenant d’une quinzaine de pays lors de la Convention internationale Science et conscience (Convención internacional ciencia y conciencia).

L’aventure des jardins verticaux s’est amorcée il y a quelques années déjà. Lors d’un précédant voyage en République dominicaine avec d’autres enseignants de Gestion et technologies d’entreprise agricole, François et son groupe croyaient arriver sur place avec quelques solutions de culture toutes prêtes pour la population locale des Batayes, constituée surtout d’immigrants sans papiers en provenance d’Haïti. Ils ont alors rapidement constaté qu’ils se heurteraient à d’importantes problématiques, soit la pauvreté des sols et leur rareté, ceux-ci étant de propriété privée. De là germe rapidement l’idée de créer des jardins qui soient accessibles à quiconque a accès à un mur, qui s’entretiennent facilement et qui puissent être fabriqués avec les moyens du bord.

Si les jardins verticaux sont à la mode en occident depuis quelques années, leur usage est souvent purement décoratif. François développe de son côté un système de jardins en utilisant des bouteilles de plastique, une denrée loin d’être rare, peu importe le pays, et qui peut être utilisée pour y faire croître des plantes potagères et comestibles. À force d’expérimenter, il en vient même, avec le temps, à créer un outil avec les bouchons pour tailler les bouteilles et en tirer des attaches à partir des rebus de plastique, qui elles servent à fixer les éléments des jardins au mur (les traditionnels attache-câbles – ou tie-wrap – étant peu disponibles dans les pays du sud).

Ce produit inusité est par la suite testé et amélioré lors de voyages subséquents, notamment à Cuba où, justement, des universitaires planchent sur diverses recherches concernant l’utilisation des murs de végétaux ornementaux afin de réduire la température ambiante. Des liens se tissent, des idées sont partagées et c’est ainsi que François Privé fini par être invité par l’Université de Santiago de Cuba et se retrouve à la fin avril à présenter son projet devant quelque 70 personnes polyglottes, et ce, dans un espagnol qui, sans être approximatif, reste celui d’un Almatois égaré à quelques milliers de kilomètres de son cégep.

Et les suites de tout cela? On travaille d’un côté à développer une application de surveillance et d’entretien des jardins verticaux, hébergée au Québec mais utilisée par les cubains. Les étudiantes et étudiants présentement en voyage pédagogique à Santiago de Cuba, sous la supervision des enseignantes Michelle Laforest et Luz Fary Perdomo Pinzon, oeuvrent pour leur part à créer à leur tour un jardin en y intégrant quelques notions d’esthétisme. Ils apportent dans leurs valises un film produit en 5 langues par le programme Arts visuels et numériques expliquant comment élaborer un jardin vertical.

D’autres projets sont aussi en branle et d’autres encore naîtront de cette idée… preuve que l’innovation est souvent à portée de main, à travers des objets du quotidien, preuve surtout que tous les gestes comptent pour préserver notre environnement et notre futur.